Noël : entre traditions et récupérations.

Peut-être avez-vous déjà assisté à une messe, dans un moment d'égarement, le soir d'un 24 décembre. Selon les configurations géographique, climatique et démographique de l'endroit, une des descriptions suivantes pourrait vous sembler vaguement familière.


Première situation : 17-18 heures, la nuit finit de tomber (Dieu seul sait jusqu'où), dans une petite église de paroisse rurale. Le curé, tout fringant, guère féministe, a allègrement franchi la barre des quatre-vingt dix hivers (peut-être pas tous passés à remplir cet office, n'exagérons rien) et fait son sermon avec conviction, captivant les fidèles présents. L'assemblée, d'une moyenne d'âge à faire passer la plupart des clubs de retraités  pour des centres aérés, communie avec ferveur, dans un silence religieux (ce qui ne tombe pas trop mal, effectivement).

Deuxième situation : 21 heures, dans la salle des fêtes du patelin le plus gros du coin. Des rangées de chaises en plastique dans une pièce lumineuse abondamment chauffée devant l'estrade sur laquelle s'époumonent deux ou trois assistantes paroissiales, essayant de guider les enfants à travers chants, scènes de théâtres et autres distributions de dessins. Intitulée très prosaïquement "veillée de Noël", on y trouve peu de liturgie, nombre des classiques du répertoire musical, parfois repris sur des tubes qui furent à la mode il y a quelques décennies de cela, et un public très semblable à celui d'un spectacle de carnaval d'école primaire.

Troisième (et dernière) situation : minuit, dans une église du centre ville d'une grosse bourgade. Se retrouvent probablement là, à l'exception des fêtards égarés qui ont vu de la lumière (et, principalement, entendu des voix, enfin, surtout une), les plus traditionalistes et pratiquants des fidèles (tout du moins ceux qui n'ont pas peur du noir, ni du manque de sommeil et qui ont un moyen de locomotion), qui n'ont peut-être pas encore digéré Vatican II et ne comprennent pas comment l'office peut être célébré en certains lieux dans un idiome aussi vulgaire que le français.



Alpaguez quelqu'un dans la rue, au milieu d'un supermarché, dans les gradins pendant une rencontre de curling ou chez le coiffeur, demandez lui, de votre ton le plus sobre et sérieux ce que l'on fête le 25 décembre, et il y a une probabilité non nulle pour qu'il vous réponde "la naissance de Jésus". Peut-être pourrait-on aller jusqu'à affirmer qu'il y a une probabilité presque nulle qu'il réponde autre chose, en supposant que le dit individu soit au courant de l'existence de cette célébrité antique en désuétude.


Jésus de Nazareth serait donc venu sur Terre (pour la première fois) un 25 décembre. Le 25 décembre de l'an zéro ? Le 25 décembre de l'an un ? Selon nombre de personnes ayant dédié nombre d'années à cette question, il serait en fait né quelques années avant l'an un. Jésus de Nazareth serait né environ une demi-douzaine d'années avant Jésus Christ. Laissant de côté l'intéressant paradoxe temporel que cela cause (parce que si en plus de pouvoir ressusciter, il dispose d'un retourneur de temps, on n'en a pas encore fini avec lui), il semble dans ces conditions impensable de pouvoir prétendre connaître le jour exact de la naissance d'un individu dont on ne parvient pas à déterminer l'année de l'arrivée sur notre chère planète.

Malgré certaines apparences, les chrétiens tentant de convertir massivement les populations indigènes (sans la connotation légèrement péjorative traditionnellement associée à ce terme dans notre langue) devaient bien se rendre compte qu'il était davantage aisé de faire une telle chose pacifiquement, par exemple en assimilant les fêtes "païennes" existantes et en leur donnant une signification chrétienne. Diverses célébrations effectuées jadis autour du solstice d'hiver se retrouvèrent ainsi récupérées et détournées.



Peu importe, finalement, ces digressions liturgiques et autres considérations historiques, vous direz-vous dans la majorité des cas, si vous avez lu le courage de lire jusqu'ici. Parce que, reprenant votre cobaye faisant le plein dans une station service, assistant à un concert de hard-métal, faisant son jogging matinal ou étant encore et toujours chez le coiffeur, si vous lui demandez ce que Noël signifie pour lui, ce que Noël lui inspire, ou même ce que, lui, fête à Noël, il est peu vraisemblable qu'il évoque messe de minuit ou naissance de Jésus (bien que l'anglais Christmas soit dérivée directement de Christ mass, la messe du Christ ou que l'espagnol Natividad réfère assez clairement à une naissance).


Peut-être évoquera-t-il les présents qu'il est coutume d'offrir à ses proches, en les déposant au pied du sapin, emballés, avec dessus le nom de l'heureux destinataire. (Si de très jeunes gens ou des gens très rêveurs sont parmi nous, le "il" dans la phrase précédente signifie, bien entendu, "le Père Noël", et il est évident qu'une condition sine qua non pour recevoir des cadeaux est d'avoir été aussi sage qu'une image de Gaston Lagaffe et d'avoir calligraphié une magnifique lettre expédiée jusqu'en Laponie !) Même si l'échange de cadeaux ne date que de quelques centaines d'années, il symbolise, pour les chrétiens, entre autres, les offrandes des trois rois mages venus d'Orient, Balthazar, Gaspard et Melchior, à l'enfant Jésus. Notons au passage que, là encore dans la tradition chrétiennes, ils n'arrivent que pour l’Épiphanie, le 6 janvier (et sont assez exaspérants lorsque qu'on souhaite faire une crèche car il faut les faire avancer peu à peu à travers la pièce pour qu'il n'arrive pas avant le 6 !); c'est à cette date que les espagnols s'échangent des cadeaux.

Peut-être évoquera-t-il le prix des suscités présents, mettant en évidence l'aspect outrageusement commercial de Noël, devenu la période la plus attendu par nombre de commerces (à l'exception plausible des vendeurs de bikinis, serviettes de plage, ventilateurs et cornets de glace) qui y vont d'un même élan de leurs offres spéciales, promotions immanquables ou occasions uniques pour saisir le client qui ne demande qu'à se faire prendre et trouver l'instrument de musique rare qui fera le bonheur de la fille de l'oncle de son grand-père, le chapon dodu qui sera dégusté avec délectation et/ou mépris par la riche cousine ou le sapin qui ne déclenchera pas l'ire de l'épouse désireuse d'éviter les épines sur son tapis favori.

Fille, oncle, grand-père, cousine, épouse, autant de mots qui amènent, particulièrement comme se développe l'éloignement géographique par le biais du rapprochement virtuel, au troisième thème qui pourrait être évoqué, et pas le moindre, la famille. Pour beaucoup, Noël est une occasion de retrouver, pour quelques jours ou quelques heures, ceux qui nous sont chers (et pas spécialement d'un point de vue matériel) pour échanger nouvelles et cadeaux et partager simples discussions, mémorables souvenirs d'un passé révolu et rêves d'un futur pas si utopique que cela.

Le plus souvent autour d'un bon repas, ce qui amène à ce qui devrait être la dernière partie de cet article, si l'on peut qualifier cette suite de mots de la sorte. Chacun associe des mets particuliers au repas de Noël, celui de fête par excellence, des plats classiques, dinde (apparemment pour garantir la protection du soleil à ce qui en consomment), bûche (également en hommage à notre cher astre, à mettre en lien avec les célébrations du solstice d'hiver évoquées plus haut), orange ou mandarine, parsemés d'aliments tout autant traditionnels mais aux connotations plus régionales, à l'instar du foie gras, des bredeles ou de l'ananas, sans oublier le chocolat et les marrons glacés.



Pour un cocktail unique entre fausses traditions et vraies récupérations (à permutation des adjectifs près), ça pourrait être pire, non ?

Considérations sur la religion, les ruminants et Bob Marley. Et sur l'alimentation.

 Dès l'Antiquité, le régime alimentaire de certains est guidé par conviction plutôt que par nécessité, à l'instar des philosophes grecs Théophraste et Platon, des penseurs romains Plutarque et Virgile.

Au-delà de ces exemples individuels, néanmoins, cette conviction est plus largement portée par les religions qui se développent et s'épanouissent durant cette période.

Pour les "occidentaux" que nous sommes, cela évoque largement l'Islam, et la viande dite halal (permis, en arabe) - qui doit respecter certaines règles à propos de l'élevage et de l'abattage de l'animal dont elle provient, entre autres, ainsi que le judaïsme et son code alimentaire, la cacherout - dont provient le terme kasher (convenable, en hébreu) - qui concerne autant les aliments d'origine végétale qu'animale, voire le christianisme - des restrictions alimentaires, quoique moins nettes (comme "vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang."), se trouvent également dans la Bible, et sont à la base du régime alimentaire dit Ital de certains des Rastafari (vous savez, les gens avec des dreadlocks, vous avez peut-être entendu parler d'un certain Bob Marley ou de Hailé Selassié. D'un des deux au moins.).

Pour élargir cette vision, c'est vers l'Inde qu'il faut se tourner, le pays où le végétarisme, le fait de ne pas consommer de viandes et de poissons est le plus répandu (selon certaines études, plus de 80% de la population ne consommerait ni chair animale ni œuf), tout en n'étant pas exactement un des états les moins peuplés du globe. Les principales religions, en particulier, l'hindouisme, prônent l'alimentation végétarienne comme la norme, via le concept de l'ahimsa (respect de la vie ou non-violence, en sanskrit, qui fait apparaître les liens certains existant entre le végétarisme et la lutte pacifiste. Gandhi, anyone ?), dont un des principes est de ne blesser aucun être vivant.


De nos jours, nombreux sont les individus qui, indépendamment de toute attache religieuse, choisissent de souscrire au végétarisme, voire au végétalisme - ajoutez au végétarisme le fait de n'ingérer ni oeuf ni lait, ni plus généralement tout produit provenant d'une production animale (par exemple, les larmes de crocodile).

Diverses raisons peuvent pousser à ce choix, le fait que la consommation, surtout excessive, de viandes puisse entrainer une hausse du risque de développer certaines pathologies, telle la maladie d'Alzheimer, ou des problèmes cardio-vasculaires, le refus de consommer ce qui jadis fut vivant - retirant ainsi aux archéologues des temps futurs la possibilité d'autopsier ces étranges mets, la prédiction du devin du village lors de la lecture d'entrailles de poisson, à défaut de sanglier, que la mort surviendra par étouffement via des os de lapin, par tradition familiale, pour ne pas vexer la tyrannique tante Suzie, ou tout simplement, parce que la viande, et surtout, surtout, le foie de morue, ça n'a pas très bon goût.


Toutefois, dans la plupart des cas, cette décision est basée sur des raisons éthiques et parfois environnementales, ainsi que sanitaires.

Environnementales, tout d'abord, car la production de viande a des conséquences non négligeables pour l'environnement, pour l'abattage, la conservation, le transport (même si c'est aussi vrai pour nombre d'aliments à base végétale, faut-il le souligner), car la pêche extensive dans les océans est désastreuse pour la l'avenir de la faune marine et la survie d'espèces endémiques, car les vaches rejettent dans l'atmosphère une quantité effarante de méthane, car l'introduction aléatoire d'espèces peut dévaster la biodiversité autochtone - à l'instar du désastre écologique causée par l'introduction de la perche du Nil dans plusieurs lacs africains, car pour présenter toutes ces choses qui théoriquement se mangent, des prospectus, des affiches et des tracts, il faut en distribuer, et des arbres en couper...

Sanitaires, ensuite, parce que la qualité de nombre de produits, en particulier ceux dits discount, est plus que douteuse : qu'y a-t-il vraiment dans de la chair à saucisse, des bâtonnets "goût crabe", du steak haché "garanti minimum 50% porc" ou des nuggets (qui sont généralement de la bouillie d'os, jetez donc un oeil ) ?

Éthiques, enfin, last but not least, car pour manger de la chair animale, y compris du poisson pané, il faut tuer une créature vivante. "De quel droit l'être humain s'arrogerait-il ce privilège ?" s'insurgent certains. Manger une aile de poulet, c'est avoir la mort d'un huitième de volaille sur la conscience, gober un oeuf, c'est annihiler la promesse de vie d'une docile créature parfumée au bec acéré, boire un verre de lait, c'est condamner un hypothétique veau à une cruelle mort par inanition.
Éthiques, surtout, au regard des conditions inhumaines, et également probablement inanimales, et la souffrance qu'elles engendrent, dans lesquelles sont traités la plupart de ces animaux qui atterrissent en morceaux dans nos assiettes : des centaines de volailles amassées dans un hangar insalubre, dont le but de l'existence est de pondre, pondre et pondre encore, des troupeaux de vaches que l'on alimente à l'aide de farines animales, des poissons condamnés à passer l'intégralité de leur existence sous l'eau (heureusement qu'ils ont des branchies, ceux-là), ou encore des porcs engraissés heure après heure jusqu'à leur programmée exécution. Et que dire de la production de foie gras, au cours de laquelle des oies et des canards sont gavées jusqu'à étouffement, à l'opposé de toute décence, arguent certains ? Pas grand chose en effet, si ce n'est qu'il s'agit d'une pratique ancestrale qu'il ne faut pas juger trop hâtivement, à l'instar de la corrida, et que ce n'est vraiment pas mauvais...


Nonobstant ces raisons et justifications que d'aucuns trouvent plus ou moins avérées, on peut se demander si le végétarisme et ses déclinaisons  ne sont pas simplement un moyen de se donner bonne conscience, une mode ou une technique d'approche sur des sites de rencontres en ligne.

En effet, pourquoi refuser de manger de la viande, sous prétexte que cela aura coûté la vie d'organismes vivants, et accepter d'ingurgiter des œufs, quand ceux-ci auraient, dans l'absolu, pu donner vie à un poussin (ce n'est pas le débat sur l'avortement, mais pas loin, non ?) ? Et pour aller jusqu'au bout de l'idée, les plantes sont également des organismes vivants : manger des carottes (mais pas des tomates, des haricots ou des figues) c'est dramatiquement amputer l'existence d'autant d'organismes...

Au-delà de ces misérables tentatives d'argumentation très légèrement spécieuses, tout en restant dans le même domaine, l'être humain est considéré comme un animal, et est donc part entière de la chaîne alimentaire. Parce que, oui, dans la "nature", les animaux se mangent les uns les autres. Pas tous, certes : les ruminants (à différencier, ici, des mastiqueurs de chewing-gum) se contentent d'herbes (et possiblement d'une paire de mouches, et d'un bout de chardon) de temps à autre) lorsqu'on décide de leur épargner les farines suscitées et n'ont guère de prédateurs "naturels", notamment dans le cas des vaches (mais ce sont des animaux d'élevage donc qui ne rentrent guère en compte dans ce raisonnement). Néanmoins, nombre d'espèces sont carnivores et nombre d'espèces font partir du gibier d'un animal plus grand, plus gros et plus méchant.
L'homme, du fait de sa technologie avancée (sa capacité à produire du papier toilette et des Nintendo 64, notamment), ne ferait donc plus partie du règne animal, s'élevant au-dessus de sa condition de simple créature pour devenir le guide ou juge suprême, qui par pitié pour ses disciples, juge bon de les épargner.


Malgré tout, comme évoqué plus haut, le refus du tuer ou de maltraiter des animaux est intimement lié avec le refus de tuer ou de maltraiter des êtres humains (car, effectivement, comme évoqué plus haut, l'ensemble des êtres humains est inclus, strictement - les marsupilamis ne sont pas des êtres humains, dans l'ensemble des animaux), autrement dit avec la non-violence, et dans cette optique-là, ces occultes pratiques semblent largement justifiables.


Ayant commencé avec la religion, je vais terminer avec le diable, dont je me suis faite l'avocat à plus d'une reprise, par jeu, par amour (relatif) du débat et de la controverse, par (auto-)dérision, souvent, et par manque de conviction, parfois. Les opinions trivialement énoncées ici ne sont que très rarement mes profondes convictions (si tant est que j'en ai), et je vous serai fort gré de ne point en prendre ombrage (en revanche, prenez Dolores si vous le souhaitez).
Je ne suis pas végétarienne, et je ne me suis jamais renseignée outre mesure sur ce sujet, ce qui pourrait expliquer les inévitables inepties qui parsèment ces lignes.

El santuario de Torreciudad : retorno de los Mortífagos ? (2/2)

[Petite précision pour LA personne qui perd son temps à me laisser des coms' (mais c'est cool, ça occupee le mien (de temps) et en plus je trouve ça chouette en fait) : à son grande frustration et éternel désespoir, je me dois de préciser que j'avais effectivement ma (la seule, l'unique, pas un anneau mais presque, quoi !) jupe, pour une mystérieuse raison, qui trainait pas trop loin et que je suis empressée d'enfiler. Avec un vieux tee-shirt et une paire de machins vendus sous l'appellation "chaussures de moyenne montagne" aux pieds, je devais avoir un fameux look...]

Une fois accoutré de manière davantage seyante, vous êtes autorisés à pénétrer dans cette my(s)t(h)ique enceinte, pour votre plus grand bonheur.

Naturellement, vous vous dirigez vers ce qui semble être le centre de l'ensemble, l'imposante construction qui peut être vue au milieu du billet précédent. Prenant votre courage à deux mains, vous passez une première série de porte, récupérant au passage un prospectus (qui reviendra plus loin).


 Vous arrivez enfin dans la salle principale, aux dimensions assez astronomiques...
(La photo est un peu pourrie, mais je me suis fort hâtée, car j'avais la vague impression qu'on allait me chercher des noises si je continuais à faire du noise, et des photos avec mon appareil.)



Pour un monument supposé historique, ça a une tête plutôt moderne. Ereinté par de telles découvertes ou simplement impressionné l'environnement, vous observez, assis, les va-et-vient, les flux presque incessants de groupes entrant et sortant.

De temps à autre, vous remarquez, qu'avant de s'esquiver, certains s'inclinent, face à l'autel, avant de se détourner, une salutation révérencieuse, légèrement plus prononcée que celles entre Harry et Draco précédant leur mythique duel...


Un certain nombre de dizaine de minutes plus tard, les accords et autres crescendos commencent à vous lasser, et vous décider de priver la compagnie de votre présence.
Légèrement désœuvré, vous errez sans but dans la cour de l'édifice, lorsque qu'une scène attire votre attention.



 Non, vous n'hallucinez pas, deux sbires d'un quelconque mage noir en pleine dissertation au milieu de la cour... et en y regardant de plus près, vous êtes encerclés, sur les remparts, en bas des escaliers, devant les portes, partout.

Complètement effrayé, vous vous éclipsez, d'une façon que vous espérez discrète, jusqu'à la sécurité relative de votre véhicule. Comme vous commencez à vous y ennuyer, dans l'attente de vos acolytes, vous entreprenez la lecture du prospectus, pour vous rendre compte que donner trois mille euros par mois à vie à l'association qui gère les lieux est d'une facilité déconcertante, et qu'en outre, une grande partie sera déduite de vos impôts...

L'est pas belle la vie ?

El santuario de Torreciudad : retorno de los Mortífagos ? (1/2)

En premier lieu, je suis légèrement navrée pour le titre, mais je n'ai pas réussi à m'en empêcher.

[Si vous ne comprenez pas la langue employée, et êtes vraiment sûr d'ardemment désirer en percer les mystères, je viens de vérifier que le très accueillant Google Trad. est votre ami.]


Si, un jour, une irrésistible envie vous prend d'aller errer telle une âme en peine dans la communauté autonome de l'Aragon, plus particulièrement dans la région de Barbastro, ou plus prosaïquement en empruntant le tunnel d'Aragnouet-Bielsa (ou simplement de Bielsa, comme il est connu de l'autre côté des Pyrénées) avec un autre but que celui d'entreprendre l'ascension de l'Aneto, il est fort probable que vous aperceviez, à droite ou à gauche (voire au milieu de la route, en fait) un ou des panneaux vous invitant à aller découvrir le très fameux sanctuaire de Torreciudad (qui peut littéralement se traduire par la ville de l'atour ou le tour de la vile, selon vos inclinaisons orthographiques et philosophiques), présenté comme un monument historique et religieux de premier ordre.

Si vous décidez en outre que les innombrables chapelles, églises et autres lieux religieux du coin sont une part non négligeable de votre périple, cet endroit dont les mérites vous sont vantés à plus de cinquante kilomètres à la ronde se doit d'être une étape de votre expédition. Vous décidez par conséquent (pas le choix, pas le choix) de vous y rendre, par une route étrangement bien entretenue pour un chemin de montagne aragonais.

Après vous être garés (et non égarez, cela s'entend) sur un vaste parking (vous avez passé tout le trajet à fixé le sol devant vous, sans jamais lever les yeux, cela va de soi), vous découvrez la chose ci-dessous.



J'ai visité, de près ou de loin, sous le soleil ou sous la pluie, de gré ou de force, suffisamment d'églises (notamment romanes, merci maman) pour trouver ce monument parfaitement moche.
Outre le fait qu'il présente des similarités avec une pagode japonaise en brique (un sacrilège total), il est en complet décalage avec le cadre un tantinet moins moche dans lequel il se trouve.




Malgré l'aspect... particulier des lieux (et le fait que pour un bâtiment "historique", avoir été construit alors que Giscard était déjà président de la république française et Franco plus bien gaillard, ça ne le fait pas vraiment, comme on dit) , vous décidez de persévérer et de visiter ce qu'il peut bien y avoir à visiter (ainsi que de tenter de répondre à LA question existentielle que vous vous posez : pourquoi un tel bâtiment, d'une telle envergure, dans une zone peu peuplée et pas évidente d'accès ?).
Tant qu'à être venu jusque ici, autant ne pas repartir de suite, ne serait-ce que pour laisser au moteur du véhicule le temps de refroidir...

Bien entendu, évidence ô combien triviale, vous avez pensé à vous vêtir de manière à rester dans les limites de la décence : vous ne portez donc point de mini-jupe laissant apparaître vos cuisses ciselées ou de short découvrant vos sensuelles rotules. Faute de quoi, on vous proposera de vous prêter le nécessaire (ce qui explique, vous le noterez, le pourquoi de la ville des atours), et en cas de refus d'obtempérer, vous vous verrez refoulé hors de ces lieux paradisiaques et, ma foi, fort accueillants (oui, oui, l'entrée est gratuite)...


[Les deux machins qui ressemblent vaguement à des photos n'ont pas été honteusement piqués sur la toile, et la personne dans ma tête assument la responsabilité de ses actes, surtout quand il s'agit d'appuyer sur le déclencheur d'un appareil qui fait "clic" ou "clac" et accessoirement transmet des données sur une carte mémoire.]

You'll Never Walk Alone

Attention, attention, le présent message contient le mot hautement suspect "football".
Si vous êtes profondément allergiques, mais souhaitez néanmoins persévérez dans votre lecture, progressez avec précaution dans les lignes qui suivent.



When you walk through a storm,
 Hold your head up high,
 And don't be afraid of the dark;
 At the end of a storm there is a golden sky
 And the sweet silver song of a lark.

Walk on through the wind,
 Walk on through the rain,
 Tho' your dreams be tossed and blown.

Walk on, walk on with hope in your heart,
 And you'll never walk alone,
 You'll never, ever walk alone.

 Walk on, walk on with hope in your heart,
 And you'll never walk alone,
 You'll never, ever walk alone.



Ce qui précède est une chanson (si si, je vous jure), originellement écrite pour la comédie musicale étasunienne Carousel en 1945. Elle a par la suite été reprise à de nombreuses reprises, notamment en Angleterre, au début des années 60 par Gerry and the Pacemakers.

Pourquoi parler ici de cette chanson ? Pour une raison ou une autre, elle m'a touchée plus que la plupart des tubes qu'il m'a été donner d'écouter, bien plus pour les paroles que pour la musique, je dois le confesser.
Pour les non-anglophones, l'article de Wikipédia donne une traduction qui en vaut probablement une autre.



[Comme les paroles m'avaient intéressée, j'ai vaguement cherché, jadis, des informations sur ces quelques phrases chantées dans l'idiome britannique.]



Si vous avez un tantinet porté attention à ce que vous lisez dans les deux-trois dernières minutes, vous devez probablement vous demander quel est le lien avec ce pathétique sport de mercenaires, spécialisés dans le plongeon et la simulation, le football.

L'histoire, l'épopée devrais-je dire, de You'll Never Walk Alone (YNWA pour les intimes) est assez complexe, et le ballon rond, et surtout les fanatiques qui supportent désespérément onze individus qui essaient de le récupérer, de se le transmettre et de l'envoyer derrière une ligne blanche dans un filer, y joue une part prépondérante.

Pour faire concis (et pour tenter de masquer, outre quelques détails fastidieux, mon incompétence certaine sur le sujet), cette chanson est devenu l'hymne officieux, et parfois officiel, d'un certain nombre de clubs, principalement britanniques, mais elle est également chantée par des supporters allemands ou français.
Si vous avez l'impression d'avoir déjà entendu les paroles ci-dessus, il est probable qu'un jour d'égarement vous ayez accidentellement pointé votre télécommande vers votre poste en pressant un bouton indésirable...


En particulier, pour des raisons assez tragiques, cette chanson est très largement associé au Liverpool Football Club, un des clubs de la ville anglaise de... Liverpool (non, ça ne s'invente pas).
Bien que la chanson ait été très fréquemment chanté dans les travées du stade d'Anfield depuis les années 60, son association avec le club n'en est devenue que plus symbolique suite à la catastrophe dite d'Hillsborough, en avril 1989 (qui mériterait à elle seule un article, mais je doute que ce jour vienne, d'une part parce que ce n'est pas un sujet évident à aborder, et d'autre part, j'imagine qu'il serait impossible de ne pas mentionner à nouveau le nom de cet infâme sport. Bref, si j'ai soudainement envie que nul ne vienne plus lire ce blog, je sais quoi faire.), dans laquelle 96 des fans des Reds (le surnom des joueurs du club, qui jouent en... rouge) ont perdu la vie, suite à des négligences assez incroyables des autorités, de la police et des services de secours.

You'll Never Walk Alone est ainsi devenu la symbole du soutien des supporters et du club vis-à-vis de ceux ayant souffert ce jour là, leur assurant ainsi, au moins par les mots, que... jamais ils ne marcheraient seuls, dans leur lutte pour l'obtention de la vérité et la justice.

Ce qui, étrangement, ne m'a pas immédiatement convaincu de l'inintérêt total de cette chanson.

[Nota bene : tant que nous sommes dans l'inintérêt total, vous êtes invités à me dire que vous trouvez ça hautement ennuyant et... totalement inintéressant, je n'en prendrai point ombrage (surtout pas Dolores).]

JO : Jeux Olympiques ou Juteux Octrois ? (2/2)

Qui dit première quinzaine du mois d'août dit congés parlementaires, soit président de la République, gouvernement, députés et autres sénateurs en vadrouille sur les plages, dans les palaces ou dans les campagnes de France ou de Navarre (y compris quelques-uns à Londres, pour ne pas se faire trop éclipser par la championne olympique de plongeon à dix mètres).

Certains, voire la plupart, des media français ayant compris que peu chaut à une personne à peu près normalement constituée de savoir ce qu'a mangé au petit-déjeuner le sous-secrétaire d’État chargé du plan de rénovation des aéroports de province, et sans une pauvre anglais dénudée en vue, se rabattent logiquement sur une thématique seyant d'avantage à l'humeur de la population estivale que les ravages du SIDA en Asie, le licenciement de quelques malheureux salariés dans le secteur automobile ou l'insignifiante mort des dizaines de civils dans un effroyable conflit ethnique dans la corne de l'Afrique.


[Vous avez un problème avec les phrases à rallonge ? Moi, généralement pas.
Vous prenez les choses au premier degré ? Moi, généralement pas.
Vous écrivez des trucs sensés ? Moi, généralement pas.]


Du point de vue des athlètes, les Jeux Olympiques sont la plus célèbre et la plus importante des manifestations sportives sur le globe. Être champion olympique est pour beaucoup de ceux dont la discipline est présente (il faut pour cela qu'elle soit développée sur un nombre suffisamment représentatif de pays, raison pour laquelle le rugby, le cricket ou le football américain par exemple en sont absents) la consécration ultime, l'aboutissement d'une carrière, la reconnaissance suprême d'années de sacrifices et d'efforts.
Pour le citoyen lambda, qu'il soit un fervent patriote, un sportif manqué ou un humaniste radical, regarder par l'intermédiaire d'un écran des femmes et des hommes courir derrière un ballon, autour d'une piste, faire des aller-retours dans une piscine, lancer des boulets, c'est au choix, plus confortable que de le faire soi-même, une source de fierté devant ces individus représentant son pays, la réalisation de l'union entre les peuples, ou encore, et surtout, un moyen de se divertir, souvent, de rire, parfois, de pleurer, aussi, et de râler contre les anglais, très fréquemment.

Malgré l'indéniable aspect marketing qui entoure, englobe, les JO aujourd'hui, il reste des traces de ce fameux "esprit olympique" que l'on essaie désespérément de nous vendre à toutes les sauces.

Oui, il y a de l'argent en jeu (même si la majorité silencieuse des athlètes (à l'instar d'un anonyme marathonien afghan) n'auront pas assez d'une vie pour gagner ce qu'une vedette planétaire du sprint touche quotidiennement), mais il y a aussi des valeurs, de belles histoires, des exploits dignes d'être mentionnés, pour leur portée sportive, mais surtout humaine, des symboles, notamment d'unité entre des représentants de pays dont les relations diplomatiques sont rompus depuis belle lurette et des images, symbole d'une certaine idée, assez grandiloquente peut-être, de l'humanité.

Oui, on est bien loin, particulièrement avec les JO d'hiver (et surtout quand ils se déroulent à Vancouver), des premiers Jeux, organisés il y a plus de 27 siècles à Olympie, dans un cadre religieux, avec quelques épreuves de course, d'équitation et de lutte (sans bobsleigh ou autre beach-volley). Loin également des, beaucoup plus proches chronologiquement parlant, premiers Jeux Olympiques de l'ère moderne, voulus par le baron Pierre de Coubertin, en Grèce en 1896, où seuls neuf états étaient représentés.


Malgré tout, si vous avez par mégarde regardé l'intégralité de la retransmission télévisée (ou au moins une part certaine, parce que ne pas être passionné par des Jeux Olympiques de Londres 2012 (et sans vous endormir devant), sans ressentir la moindre émotion, peut-être sans verser, au moins en esprit, une petite larme, il est probable que vous ayez manqué quelque chose.




Regarder les JO, ça en valait le coup, juste pour voir les anglais devoir doubler toutes les annonces officielles en français.


[Je n'ai rien contre les anglais, mais avouez que pour ce sujet, ils faisaient de parfaits bouc-émissaires !]

JO : Jeux Olympiques ou Juteux Octrois ? (1/2)

Si vous n'avez pas passé les deux premières semaines du mois d'août au fin fond (ou sur les fins sommets) des Pyrénées ou scotché à votre écran 23 heures sur 24 (il faut bien aller aux toilettes et se laver de temps à autre, à ce qu'il paraît) en train de jour à World of Warcraft, vous n'y avez probablement, malgré tous vos éventuels efforts, pas echappé.

A la Une des journaux, qu'ils soient locaux ou économiques, quotidiens ou hebdomadaires, omniprésents dans les émissions télévisées et radiophoniques ainsi que sur nombre de sites internet, les JO de Londres 2012, les 30ièmes Jeux Olympiques modernes, ont presque totalement éclipsé le reste de l'actualité nationale et internationale.

Pourquoi une telle emprise de cette manifestation, pendant quinze jours, sur la sphère médiatique, et par extension sur des sociétés entières ?

Parce que les enjeux économiques, financiers et politiques sont astronomiques.
Parce que la classe politique est en vacances.
Parce que nombreux sont ceux dont le sport favori est le visionnage des exploits d'autrui.
Parce que les JO, ce sont les JO.


[Et voilà une bonne chose de faite, un autre article achevé. Je peux aller voir le dernier épisode de la dernière série trop à la mode !]

[J'avais oublié que je n'ai jamais regardé de série ; tant pis, c'est reparti alors.]


L'aspect commercial, économique, des Jeux Olympiques saute aux yeux avant même que la compétition ne commence, des années avant la cérémonie d'ouverture. Il ne suffit pas qu'un pays, une ville, désire accueillir les jeux pour que ce souhait devienne réalité ; il faut aussi, et surtout, que cette ville-hôte soit choisie par le CIO, le Comité International Olympique.
Cette désignation se fait par vote de membres représentant les pays membres de cette organisation, et est décidé par du lobbying, terme politiquement correct pour désigner de douteuses tractations en coulisse. Force est de constater que les français se révèlent assez peu doués à ce petit jeu, comme en attestent les deux échecs "en finale" de Paris, face à Pékin pour les Jeux de 2008, et face à la capitale anglaise pour la plus récente édition.

Une fois la ville organisatrice choisie commence la construction d'infrastructures manquantes (ou la rénovation de sites désuets), stades, piscine, ainsi que le fameux village olympique, parfois reconvertis a posteriori en logements sociaux. Ces investissements coûtent cher, par conséquent les JO doivent permettre aux organisateurs d'équilibrer leur budget.
Pour cela, outre les droits de retransmissions télévisuelle et radiophonique et de juteux contrats publicitaires  avec des entreprises partenaires de l'événement, beaucoup est misé sur la consommation des millions de personnes attendus sur les lieux pour assister aux innombrables épreuves : nuitées, alimentations, produits dérivés en tout genre (et vraiment en tout genre). Les revenus générés par le tourisme qui se développe dans la région, notamment les visites des attractions locales ne sont pas négligeables, tout comme l'impact positif sur les commerces locaux (même s'ils ont souvent eu à supporter des mois de travaux devant le pas de leur porte. Dans le cas des JO de Londres, l'afflux de touristes avaient tellement inquiétés nombre de locaux que certains commerçants ont vu leur chiffre d'affaires chuté par rapport aux années précédentes.).
En outre, une organisation de JO réussie peut porter des dividendes à plus ou moins long terme : une ville dont la réputation se voit rehaussée attirera probablement davantage de touristes les années suivantes.

Pour conclure sur l'aspect financier, les athlètes eux-mêmes essaient de profiter (parfois sciemment, parfois moins sciemment), surtout dans des disciplines méconnues, de la renommée des Jeux pour se faire repérer par d'éventuels sponsors ou augmenter leur gain.

11 < 21

11 est plus petit que 21, comme l'affirmera n'importe quelle personne ayant une élémentaire maîtrise de la relation d'ordre totale usuelle sur le corps des nombres réels.

[Non, ceci n'est pas un cours de maths.]

Je suis parfaitement consciente de ce que j'ai écrit dans le message précédent ; cependant je m'en vais inaugurer les lieux en narrant une parcelle de ma vie, que j'ai envie de partager avec ceux qui voudront bien prendre la peine de lire ce post.

11 et 21, comme deux jours du même mois, un mardi et un vendredi.
Deux journées pas vraiment ordinaires, sinon comment expliquer qu'elle ait marqué une gamine de pas encore dix ans et demi au point qu'un peu plus de deux fois plus âgée elle s'en souvienne avec une certaine précision ?

[Oui, oui, elle parle d'elle à la troisième personne. La classe, non ?]

Très peu de personnes en état et/ou âge de comprendre quelques notions basiques d'histoire, de politiques ou d'actualité ignorent ce qu'il s'est passé le 11 septembre 2001. Rappeler que 2966 personnes de 8 nationalités ont perdu la vie dans un acte terroriste aux proportions inédites, orchestré en quatre vagues parallèles dans des avions en provenance de l'Europe et en direction des Etats-Unis d'Amérique, rappeler l'onde de choc qui a traversé les pays occidentaux devant cette manifestation de puissance et d'éveil au grand public d'un nouveau terrorisme islamiste mettant en danger l'hégémonie américaine sur le globe, rappeler les dégâts matériels, psychologiques et les milliers de blessés, rappeler les conflits stériles, notamment en Afghanistan et en Irak qui en ont découlé, causant bien plus de victimes que les attentas initiaux, rappeler tout cela ne servirait probablement à rien.

L'élève, tout récemment entrée que en sixième, que j'étais se souvient d'une camarade pendant la récréation de l'après-midi, lui expliquant une histoire assez incompréhensible à propos d'avions et de tours, loin, de l'autre côté de l'Atlantique. Ainsi que d'une soirée stupéfaite devant le poste de télévision à écouter maintes fois le récit des faits et des analystes tentant d'expliquer les tenants et les aboutissants alors que la liste des victimes s'allongeait, que les politiciens français multipliaient les annonces pour assurer leurs concitoyens de leur sécurité.


Davantage de gens ignorent, ou ne se souviennent plus des événements qui se sont déroulés dans le sud-ouest de la France dix jours plus tard, et nul ne saurait les en blâmer. Dans un climat tout à fait imaginable de choc, sécuritaire, d'indignation et d'une peur diffuse, les événements de cette journée m'ont marquée davantage, et je suis certainement loin d'être la seule dans ce cas-là, que les attentats des tours jumelles du World Trate Center.
Imaginez donc, à la fin de la récréation, matinale cette fois, que la sonnerie ne sonne pas et soir remplacée par des annonces demandant de se rester cloîtrée à l'intérieur des bâtiments jusqu'à nouvel ordre. Parmi de jeunes collégiens, encore secoués par les événements de la semaine précédente, concoctent les pires théories, à base d'attentats explosifs et d'avions détournés.

Après de très longues minutes d'attente, dans la panique et l'anxiété, le bruit circule à propos d'une explosion à Toulouse qui aurait dégagé des fumées toxiques dans l'atmosphère. L'inquiétude s'accroît encore, ainsi que la crainte d'un attentat, et se porte naturellement sur les parents (ont-ils été avertis ? sont-ils en danger ?), ainsi que sur la santé du chien d'une amie d'alors que l'on imagine déjà asphyxiés par des vapeurs nauséabondes et toxiques (à contre-coup, c'est très drôle ; à chaud, on stressait à mort pour la pauvre bête).

Un peu plus tard, alors que l'attente s'éternise dans le hall du collège, le proviseur-adjoint tente une sortie à travers à la cours, et en revient vivant et visiblement capable de respirer.
L'alerte est levée peu après et les cours reprennent leur cours (non, ça ne s'invente pas).

Je ne connaissais aucune des 30 victimes de l'explosion de l'usine AZF de Toulouse, seulement quelques amis qui ont eu les vitres soufflés et quelques dégâts mobiliers, et hier cela faisait, jour pour jour, onze ans.


[Tout compte fait, je n'ai pas la moindre idée de la raison pour laquelle j'ai raconté ça, probablement parce que j'y pensais récemment, j'imagine. Peut-être aussi parce que, ce lundi, un nouveau procès va avoir lieu pour déterminer les responsabilités, jusque ici restées bien floues, de ce dramatique accident.]

Parce qu'il paraît qu'il faut un début à tout.

Alors... euh... bonjour !
C'est ça, bonjour !
Ou bonsoir, si vous préférez errer en ces lieux en d'inavouables heures.

Vous avez cliqué sur un lien, ce que vous regrettez profondément à l'instant où vous lisez ces lignes, et cherchez les causes de cette si profonde inconscience. C'est bien ça ?

Pour être franche, les certitudes dont je dispose concernant ce blog se résument à son adresse, dans cette affreuse et mégalomane toile d'araignée qu'est le world wide web, son titre, sur lequel je reviendrai plus tard, l'aspect complètement aléatoire des publications, et mon ignorance totale de la nature des dites publications.

Parce que le principe d'un blog, à peu de choses près, c'est de raconter sa vie. Or, d'une part, je passe déjà une fraction beaucoup trop grande de mon existence à la déblatérer aux personnes qui ont l'extrême infortune de me côtoyer dans la "vraie vie" (par opposition à la vie en carton, à défaut de cartoons, c'est-à-dire par écrans interposés, pas nécessairement en carton) ; d'autre part, cette existence, si elle me convient globalement pour l'instant, n'en reste pas moins très banale et les récits quotidiens de mes journées, repas, douches et autres expéditions au supermarché du coin, seraient d'un intérêt nul, pour ne pas dire négatif, même en tentant désespérément de les enjoliver.

Un individu de ma connaissance, notoirement de sinistre réputation et à la méchanceté à nulle autre pareille, m'a affirmé que j'avais "des trucs à dire". Je n'irai pas jusqu'à affirmer que c'est pour lui prouver qu'il a tort que je me lance dans cette plus audacieuse des aventures (quelle expédition, les amis, quelle expédition !), mais il n'en reste pas moins que ma défiance vis-à-vis de cette affirmation reste intacte.


Après avoir lu de si sinistres et enthousiasmants augures, si vous n'avez encore point fermé l'onglet ou cliqué sur la petite flèche, en haut à gauche de votre écran, vous devez dubitativement vous demander où tout cela mène. Comme mentionné ci-dessus, je n'en suis guère sûre. Néanmoins, je pense vous faire part en ces lieux de sujets qui me sont chers (non, je n'ai point de vassaux à entretenir, merci bien) ou de thèmes qui me passionnent.


Je tenais également à préciser que le titre de ce blog n'est en aucun cas une pitoyable tentative de plagiat de l'extraordinaire roman du non moins extraordinaire auteur qu'est Ayerdhal, et que toute ressemblance de quoi que ce soit avec quoi que ce soit existant ou ayant existé ne serait naturellement que purement fortuite.

J'imagine que la décence voudrait que je souhaite une bonne soirée aux valeureux individus ayant réussi à lire l'intégralité de ce message et à écrire que j'espère vous revoir ici, en ajoutant que tout commentaire est le bienvenu. J'hésite à le faire (dire ça, pas poster un commentaire).